Avec trois énormes chiens, quelques acres de terre verte pour chacun et un garde-manger rempli de gâteaux des voisins, la maison de Mark Wilkinson dans le village pittoresque de Bromham dans le Wiltshire est tout à fait le rêve idyllique de la campagne. A cette époque de l'année avec le soleil qui brille et les agneaux qui bêlent dans les champs, il n'y a plus d'antithèse rafraîchissante de Londres oppressante et urbaine. Inutile de dire que lorsque j'allais faire une escapade à la campagne, j'avais presque autant envie de respirer l'air frais que de rencontrer l'homme lui-même. Presque.
Pour ceux qui découvrent le nom, Mark Wilkinson est sans doute l'un des cuisinistes les plus influents au monde. Ses belles conceptions en pin vieilli ont été la base sur laquelle le célèbre Smallbone of Devizes a été fondé (Devizes étant juste en bas de la route de Bromham), et depuis lors, sa pratique éponyme crée des cuisines sur mesure pour la clientèle la plus exigeante.
C'est une réputation que vous ne sauriez pas pour le rencontrer. Malgré ses nombreuses distinctions, dont un OBE, le comportement affable et la moustache de marque de Mark - un exemple très impressionnant - ne sont rien sinon désarmants. Nous avons commencé notre matinée ensemble non pas en parlant de design mais avec un café et une part du gâteau du voisin susmentionné. Mais ensuite, nous avons commencé la tournée.
Tout d'abord, appeler Mark Wilkinson un cuisiniste revient à désigner Le Corbusier comme un fabricant de meubles. Il y a à peine un coin ou un plancher qui n'a pas été balayé par l'œil créatif de Mark. Ce qui a commencé comme une petite maison de fermier remontant à l'histoire brumeuse de l'Angleterre, la maison d'origine est devenue la cuisine d'une magnifique maison de campagne à trois étages avec plus d'espaces merveilleux que nous n'avons eu le temps d'explorer en un après-midi.
Sur chaque surface se trouve un nouveau petit trésor, que ce soit la pomme en bois qui s'ouvre, son noyau un ensemble d'outils de fumeur, ou une boîte à bijoux verticale dans la silhouette de Marylyn Monroe (un peu une pièce de signature pour Mark). Dans chacun, l'ingéniosité de la conception est aussi attrayante que le savoir-faire consommé de chaque contour lissé.
Pour moi, la pièce la plus impressionnante de la maison était le salon, un vaste espace avec une immense fenêtre à une extrémité et une étagère avec des rangées de livres et de sculptures. Une étagère avec un toit en saillie au sommet. « Une étagère a besoin d'une corniche », propose Mark, en guise d'explication. « Je voulais quelque chose pour montrer que le mur faisait partie de la maison d'origine, alors j'ai agrandi le toit. J'ai même eu de vieilles gouttières pour compléter l'effet.
Bien que la fonctionnalité illustre certainement cette certaine excentricité qui rend les conceptions de Mark si inventives, elle met également en évidence une autre chose. Mark n'est pas du genre à laisser les choses se perdre. "Quelqu'un que je connaissais nettoyait une ancienne usine qui fabriquait des touches de piano", dit Mark en se lançant dans une anecdote. « Il a trouvé un tas de ces chutes, les déchets de la coupe des clés. Eh bien, vous ne pouvez pas vendre de l'ivoire de nos jours, alors il m'a demandé si je voulais lui en retirer les mains.
Les incrustations d'ivoire veiné zigzaguant sur les murs, sans parler des bols d'ébène et d'ivoire éparpillés autour de diverses tables répondent s'il l'a fait ou non. L'utilisation par Mark de matériaux inhabituels, souvent mis au rebut, est un thème récurrent. Je l'appellerais un accapareur, sauf qu'il semble les utiliser aussi prolifiquement qu'il les trouve. Un cadre photo, par exemple, a été fabriqué à partir de vieilles voies ferrées rouillées. Quand j'ai demandé où il les a eues ? "Je les ai échangés contre de vieilles traverses de chemin de fer que j'avais." Bien sûr qu'il l'a fait.
Tout au long de ma tournée, nous avons passé autant de temps à discuter des mérites de Game of Thrones que de celui de son OBE, à un moment à discuter de la possibilité de sortir l'un de ses pistolets, un autre à discuter de la fabrication de peintures à partir de lapis-lazuli. Cependant, aussi variés que soient notre conversation et les divers designs qui l'ont encouragée, il y a aussi un côté plus sérieux à l'éthique du design de Mark Wilkinson que ces idiosyncrasies. Il serait assez facile pour quelqu'un travaillant dans autant de domaines que Mark de devenir un peu étiré, un peu trop éclectique. Comment passer des meubles aux bibelots à l'architecture d'intérieur sans que tout cela se sente un peu décousu ?
« L'astuce est de trouver un style que vous aimez. Peu importe quoi. Choisissez les éléments qui vous plaisent, les motifs clés qui vous plaisent et respectez-les. Utilisez-les de différentes manières - autant de manières que vous le souhaitez - mais tenez-vous-en à ce seul style et vous vous sentirez bien.
-Marc Wilkinson
Pour Mark, un artiste qui touche vraiment une corde sensible est Tamara de Lempicka, la peintre polonaise Art déco la plus connue pour son interprétation emblématique d'Adam et Eve dans le jardin d'Eden. Si vos yeux sont assez vifs, vous pouvez repérer cette image rendue en verre dans toute la maison de Mark, le long des escaliers et derrière les poignées de porte en feuille de vigne - "cachant leur honte" comme Mark l'a dit.
Certaines pièces sont cependant distinctement Mark. L'un d'eux est un énorme modèle à l'échelle du HMS Victory fabriqué pour lui par un ami, nous ne pouvons que supposer en échange d'une création de Mark's. Après avoir vanté les mérites de Nelson et de la marine britannique des années 1800, Mark m'a montré les détails les plus fins du modèle. « C'est parfait dans les moindres détails. Chaque planche est parfaite, et il y a des lumières LED de la taille et de la luminosité exactes des bougies qui auraient éclairé l'intérieur. La propre admiration de Mark pour la pièce était contagieuse. « Il y a même le portrait de Nelson avec sa femme dans la cabine du capitaine. Bien que dans ce cas, il s'agisse de moi et du mien à la place.
Ma visite du reste de la maison s'est avérée quelque peu floue - non pas parce que tout était monotone, ni parce qu'il n'y avait rien qui attirait particulièrement mon attention. Plutôt l'inverse. Il y avait tout simplement tellement de choses à prendre, des armoires inspirées de la robe tribale indienne indigène, avec des miroirs couverts (pour qu'ils ne volent pas votre âme bien sûr) aux commodes de style arts et artisanat, belles dans leur simplicité. À l'extérieur, une sorte d'annexe polyvalente contenait une longue table faite d'une seule planche d'acajou et de géodes ouvertes, dont les entrailles d'améthyste scintillaient doucement. Même les rampes extérieures sont fabriquées à partir des mêmes rails de train que le cadre photo.
Le fait est que je pourrais être lyrique sur les trésors qui composent la maison de Mark Wilkinson pendant probablement beaucoup trop longtemps. Chaque recoin révèle une nouvelle création en quelque sorte tirée de la myriade d'idées qu'il semble avoir. Pourtant, alors même que nous nous asseyions pour un déjeuner tardif composé de tarte aux légumes, de salade et de tourte au porc, j'avais toujours du mal à croire que l'aimable cuisinier à domicile avait créé une telle cacophonie de créations.
Mais le fait est que ce sont toutes ces diverses influences, ces différentes facettes de la personnalité et de l'éthique du design de Mark qui sont précisément ce qui rend ses cuisines si recherchées. Après avoir réussi à repousser les chiens, à dire au revoir à Mark et à sa femme et à avoir enjambé le tapis de bienvenue en forme de moustache pour retourner vers la grande fumée, il m'a semblé difficile de laisser derrière moi cet idéal de campagne. Eh bien, si une cuisine sur mesure est la première étape pour y parvenir, je ferais mieux de commencer à économiser.
Cette histoire a été publiée pour la première fois en avril 2015.
